Cameroun : Polémique , Encore Brenda Biya, c’est quoi le problème avec la fille du president?
Deux faits majeurs ont retenu l’attention du public camerounais ces
deniers jours. Il y a d’abord cette absence remarquée et largement
commentée de Chantal Biya, l’épouse du chef de l’Etat lors de la
traditionnelle cérémonie de réjouissances que donne le couple
présidentiel au palais de l’Unité à l’occasion de la fête nationale du
20 mai. Il y a ensuite le départ dans la foulée de Paul Biya qui a
quitté le Cameroun le 27 mai dernier pour un « court séjour privé en
Europe ».
Deux faits a priori d’une banalité absolue. Sauf que dans
l’intervalle il y a eu une série de rumeurs qui se commentent
abondamment dans les chaumières. Elles ont une cible affichée : Brenda
Biya, 18 ans et dernièrenée de la famille Biya. On a d’abord lu sur la
toile que la fille du président avait fait une overdose de drogue avant
d’être admise en soins dans un hôpital de Californie où elle réside. On
en était encore à chercher à entrevoir des ombres dans cet écran de
fumée qu’un autre scoop plus grand encore est venu en remettre couche.
Mercredi 25 mai 2016, un communiqué signé du Conseil Camerounais de
transition (CCT), une organisation d’activistes camerounais basée aux
Etats Unis, annonce que Brenda Biya est convoquée le 01 Juin pour avoir
physiquement menacé sa mère Chantal Biya qui aurait décidé de son départ
des Etats-Unis. Selon ces activistes, la benjamine de la fratrie Biya
se trouve en ce moment, avec sa maman, Chantal Biya, dans une suite du
6e étage de l’hôtel Intercontinental de Genève.
Ce qui selon eux, expliquerait l’absence de l’épouse du chef de
l’État lors des festivités de la 44e fête nationale de l’Unité. Ces
informations ont été machinalement reprises par des sites internet
s’intéressant au Cameroun et créent actuellement le buzz sur la toile.
Pourtant dans les faits, aucun recoupement crédible ne vient étayer
cette thèse. Un document circule bel et bien sur le net portant le nom
de Brenda Biya et une période comprise entre le 26 mai et le 25 juin
arrêtée pour son audition par la justice américaine.
Il s’agit manifestement d’un faux car il n’est nullement référencé.
Et encore le nom qui est mentionné (Brenda Biya) ne correspond pas au
patronyme exact de la fille du président (Anastasie Brenda Eyenga Biya)
dont l’usage aurait forcément été de mise en pareille circonstance.
Cour de justice de Los Angeles
Bien plus, en parcourant le site de la Cour de justice de Los
Angeles, on ne retrouve aucune trace du nom de la fille du président
Biya. De même, quand on connait la grande appétence de la presse
américaine pour les scandales liées aux oligarchies africaines, il est
surprenant qu’aucun média américain n’aie jusqu’ici fait état de ce «
scoop ». Une autre question concerne le statut de la famille
présidentielle. Bénéficie-t-elle systématiquement de passeports
diplomatiques ? « Aucune loi ne leur octroie systématiquement ce
privilège, mais les membres de la famille présidentielle font l’objet
d’une protection particulière », indique Bernard Kéou, avocat au barreau
du Cameroun.
Brenda peut donc comme les autres membres de la famille détenir ce
fameux sésame. Mais un passeport diplomatique est-il une exemption de
convocation devant un juge, de surcroit américain ? Non répond Me Keou
qui précise qu’un passeport ne saurait vous absoudre de vos crimes. A
l’évidence la petite Biya ne peut être couverte par une quelconque
immunité diplomatique suite à des écarts de comportements.
Alors y a-t-il un problème Brenda Biya ? Quel en est la proportion et
la genèse ? Contactée, une source proche de la présidence de la
République nous livre quelques pistes. « Il est évident que quand une
fille de cet âge se retrouve dans la galaxie des stars à Los Angeles,
elle perd un peu le contact avec la réalité. Elle peut se laisser
manipuler et aller à des dérives », nous confie-telle. Il est donc
quasiment certain que la présidence a mal à la petite Brenda qui ne sait
pas se tenir mais quelle est la proportion du mal ?
L’opacité communicationnelle institutionnalisée par le président Paul
Biya luimême ne peut nous permettre de répondre de manière tranchée à
cette question. En effet, dans une République normale, le cabinet civil
de la présidence aurait déjà dû commettre un communiqué pour informer le
public camerounais sur la situation réelle de la fille du président. En
lieu et place, on a droit à un silence assourdissant qui alimente tous
les fantasmes.
L’autre angle de cette nouvelle polémique concerne Brenda Biya
elle-même. Ce bout de femme de 18 ans détonne dans l’univers policé et
la présidence « apaisée » voulue par Paul Biya. Rien à voir avec le très
rangé Franck Emmanuel Biya, l’ainé de la famille dont la discrétion est
devenue un label. Pas de comparaison possible avec le très carré Junior
Biya que vous chercherez en vain sur les réseaux sociaux et autre
mondanité. Brenda a tracé sa voie, celle d’une jeune adolescente qui
profite de la vie avec l’insouciance liée à son âge.
Pas question de se priver de virées nocturnes y compris dans les
boites de nuits « in » de Yaoundé.Et quand la fille du président se
prend une bonne « chicha » avec des amis c’est toute la toile qui
s’embrase. Quand elle se plaint du racisme aux Etats-Unis elle se met
encore les pieds dans les plats en dévoilant qu’elle paie un taxi à
200.000 F.Cfa. Du véritable pain béni pour les snipers du net qui se
cachent en occident. Brenda, c’est des tenues osées, un activisme assumé
sur les réseaux sociaux et cette insouciance décapante qui renvoie à la
génération androïde qu’évoquait son père dans un récent discours.
Une jeune désinvolte qui n’a jamais su se claquemurer dans les ors
présidentiels auxquels elle était promise. On peut lui faire ce procès.
Mais est-on en droit de la condamner ?
Camernews
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